Je m’appelle Nadia Dloussky.
Mon chemin croise les arts plastiques autant que les aventures humaines.
Une enfance marquée par l’amour des arts et l’image tutélaire d’un aïeul praticien chez Rodin. Une histoire familiale faite de destins glorieux et brisés. Mon héritage est imprégné de l’idée que l’on peut créer de ses mains et vivre plusieurs vies.
Formée à la fois aux arts plastiques et au management, j’ai accompagné de nombreux projets de développement, dirigé une école de formation aux arts plastiques, et finalement choisi comme medium principal la sculpture.
Je façonne des visages dans l’argile, matériau originel, fragile, malléable. Puis, je les fige dans la céramique ou le bronze. Là, indéformables, ils s’imposent dans l’espace, « font face » comme dit Levinas et ils nous imposent leur questionnement.
La sculpture est comme ça, on n’y échappe pas.
Mon travail explore l’intériorité, le rapport à l’autre, l’exil, la filiation…
Depuis 2011, je présente mes œuvres. Certaines ont rejoint des collections privées. D’autres continuent de voyager à travers des expositions, résidences, ou lieux de mémoire.
Sculpter, pour moi, c’est recueillir la trace de ce qui a été vécu. Offrir une présence. Et parfois, une part d’éternité.
« Mon travail me mène dans le monde des Hommes »
Je cherche leur âme. Je cherche à capter une intériorité, une part de rêve, ce qui est caché, la trace invisible de leur histoire. Leurs douleurs, leurs fêlures, leurs forces aussi.
En figeant leurs traits dans la matière, je cherche à faire émerger ce qui est mouvant.
Dans cette quête, je me laisse habiter. J’observe ce que nous révèlent ces visages sur nous-mêmes, le lien qu’ils tissent. J’écoute leur musique intérieure et j’y vois le miroir de notre humanité à tous. Mon travail est là, dans cette diversité des êtres qui nous rappellent toujours de quelle argile nous sommes faits.
Propos et rêveries
Tel un paysan qui travaille sa terre, je creuse un peu toujours les mêmes sillons. Des images qui toujours questionnent, des imaginaires entiers qui s’ouvrent dans le dialogue avec le matériau. Je les appelle rêveries en hommage à Gaston Bachelard qui a écrit merveilleusement comment l’argile devient source. Ces champs de création deviennent des séries, constamment poursuivies. En voici quels-unes.
Exil
« Mon héritage familial est forgé autour de l’exil, de la quête d’identité, des mélanges géographiques et de la valeur des origines multiculturelles. Les hommes se révèlent une forêt d’essences multiples, s’extrayant du même sol, de la même terre.
Dans cette terre je façonne des enveloppes charnelles et ce sont leurs liens qui m’intéressent. »
Icones et ex-votos
« Je façonne des visages comme un moyen d’accéder à l’autre, de le faire exister, de le laisser m’interroger »
Sommes-nous deux?
« L’enveloppe corporelle cache et révèle ce que nous sommes. Le visage agit comme un miroir pour accéder à l’autre comme un reflet de nous-mêmes: L’autre est-il moi? Sommes-nous deux? »
Enveloppes immortelles
Fugacité de la mémoire. Lutte pour garder vivantes les images amoindries par le temps. Trace de ce que l’histoire a fait de nous. Fragilité de bronze. Fragments d’éternité.
Trois Mélancolies
Les trois grâces de la mythologie étaient les déesses du charme, de la beauté et de la créativité, jeunes et nues, sculptées par des hommes. Penchées sur nos berceaux de femmes, les fées d’aujourd’hui nous font don de l’absence, de la mémoire et de la rêverie.
Trophées
Sommes-nous notre enveloppe mortelle? Qu’est-ce que l’espèce humaine?
Je me suis amusée à regarder en arrière depuis un prochain siècle.
Trophées d’espèces des XXIIème – XXIVème siècles, issus de la collection d’antiquités du Musée Xiao Tuang (Chine)